• « Pour prendre des bandits d'abord prendre leur chef »

    Vise le cheval en premier afin d'atteindre le cavalier.

    Briser la force principale de l'ennemi et capturer les chefs pour anéantir tout l'ensemble.

    Le dragon contraint de se battre sur le sol est dans une impasse.*

    Cette expression est issue d'un poème de Du Fu :

    « Pour dessiner un arc, dessines-en un qui soit puissant
    Pour choisir des flèches, prends celles qui sont longues
    Pour atteindre des cavaliers, atteins d'abord leurs montures
    Pour prendre des bandits, prends d'abord leur chef. »

    Le terme de bandit est ici un nom d'emprunt pour désigner les forces ennemies qui, après la capture de leur chef, s'éparpilleront et s'enfuiront. Quand vous combattez un tel ennemi, vous pouvez vous contenter de prendre le meneur et ses compagnons succomberont.

    Le plus souvent, le quartier général de l'ennemi est situé à la position la plus favorable. Dans le but de vaincre un semblable adversaire, vous pouvez détruire d'abord ses forces armées. Une telle intervention n'est pas souhaitable mais souvent nécessaire en temps de guerre, vous pouvez pourtant l'éviter quand il arrive que le centre de l'adversaire soit situé à un point faible. En cherchant une brèche dans la ligne de défense ennemie, vous pouvez contourner ses bastions fortifiés et attaquer sa base principale par un chemin détourné. Après la capture du commandant adverse, ses subordonnés ne seront plus capables de se battre par eux-mêmes.

    * Symbole du trait supérieur de l'hexagamme 2 K'ouen (la Terre)... Dans un contexte militaire, un chef qui entreprend « au delà de ses possibilités » attirera sur lui l'attention et la colère des puissants. La confrontation qui en suivra tournera en sa défaveur.

     

    Hexagamme 2 K'ouen / le Receptif (la Terre)

    K'ouen / Le Réceptif
    En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre
    En bas K'ouen : Le Réceptif, la Terre

    Cet hexagramme est entièrement composé de traits brisés. Les traits brisés correspondent à la puissance originelle du yin, qui est sombre, malléable, réceptive. La propriété de l'hexagramme est le don de soi , son image est la terre. C'est le complément du créateur, son complément et non son opposé, car il ne le combat pas mais le complète. C'est la nature en face de l'esprit, la terre en face du ciel, le spatial en face du temporel, le féminin maternel en face du masculin paternel. Cependant, appliqué aux situations humaines, le principe de cette complémentarité ne se rencontre pas seulement dans les relations entre l'homme et la femme, mais aussi dans les rapports entre le prince et son ministre, le père et son fils; au sein de l'individu lui-même, cette dualité se retrouve dans la coexistence du spirituel et du sensible. On ne peut toutefois parler de véritable dualisme, car il existe entre les deux hexagrammes une claire relation hiérarchique. En soi, le réceptif est naturellement aussi important que le créateur, mais l'attribut de « don de soi » définit la place que cette vertu primordiale occupe par rapport à la première. Elle doit être placée sous la conduite et l'impulsion du créateur; elle produit alors d'heureux résultats. Mais si elle sort de cette place et veut marcher aux côtés du créateur et à égalité avec lui, elle devient mauvaise. Il s'élève alors entre elle et le créateur une opposition et une lutte qui produisent des effets néfastes pour l'un et l'autre.

     

    Les quatre aspects fondamentaux du créateur : « la sublime réussite favorisant par la persévérance » servent également à caractériser le réceptif. Toutefois, la persévérance est ici définie avec plus de précision comme étant celle d'une jument. Le réceptif désigne la réalité spatiale face à la potentialité spirituelle du créateur. Quand le potentiel devient effectif et le spirituel, spatial, cela survient toujours au moyen d'une détermination qui limite et individualise. Cela est indiqué en ajoutant à l'expression « persévérance » le déterminatif « d'une jument ». Le cheval appartient à la terre comme le dragon au ciel : en parcourant infatigablement les plaines, il symbolise la vaste étendue de la terre. Le terme de « jument » est choisi parce qu'il unit la force et l'agilité du cheval à la douceur et à la soumission de la vache. Ce n'est que parce que les dix mille forces de la nature répondent aux dix mille impulsions du créateur que la terre peut rendre ces dernières effectives. La richesse de la nature consiste en ce qu'elle nourrit tous les êtres, et sa grandeur, en ce qu'elle les rend beaux et splendides. Elle fait ainsi prospérer tout ce qui vit. Tandis que le créateur engendre les êtres, la nature les enfante. Appliqué à la conduite humaine, l'hexagramme indique qu'il faut se comporter en conformité avec la situation. Le consultant de l'oracle n'est pas dans une position indépendante, mais son activité est celle d'un assistant. Cela signifie qu'il doit mener à bien une tâche. Ne pas vouloir diriger - il ne ferait que s'égarer -, mais se laisser diriger, tel est son rôle. S'il sait adopter une attitude d'acceptation à l'égard du destin, il est assuré de trouver une direction correspondante. L'homme noble se laisse guider. Il ne va pas de l'avant en aveugle, mais se laisse enseigner par les circonstances ce qui est exigé de lui, et il suit ces directives du destin. Puisqu'une tâche doit être menée à bien, il faut des auxiliaires et des amis pour l'heure du travail et de l'effort, une fois que les pensées qui doivent être réalisées ont été déterminées avec fermeté. Le temps du travail et de l'effort est exprimé par l'ouest et le sud, car c'est là que le réceptif oeuvre pour le créateur, de même que la nature en été et à l'automne. Si l'on ne rassemble pas toutes ses forces, on ne viendra pas à bout du travail à accomplir. C'est pourquoi « avoir des amis » signifie ici réaliser sa tâche. Mais, en dehors du travail et de l'effort, il existe aussi un temps pour les plans et les ordres : pour cela, la solitude est nécessaire. L'est symbolise le lieu où l'on reçoit les ordres de son maître, et le nord, celui où l'on rend compte de ce que l'on a accompli. Là il faut être seul et objectif. A cette heure sacrée, on doit se passer de compagnons afin que la pureté ne soit pas souillée par la haine et la partialité des factions.


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  • « Faire revivre un corps mort »

    Utilise quelque chose de mort pour parvenir à tes fins.

    Celui qui est utile refuse qu'on l'utilise, alors que l'inutile demande qu'on l'utilise.

    « Ce n'est pas moi qui cherche l'aide du jeune sot, mais le jeune sot qui cherche mon aide ».

    Selon la mythologie populaire chinoise, l'esprit d'un défunt, excepté dans les cas extrêmes (comme lorsqu'il est envoyé pour souffrir en enfer ou bien élevé comme immortel au paradis), peut trouver réincarnation soit dans un bébé à naître, soit dans un corps bien conservé. Ainsi quand quelque chose qui fut étouffé dans le passé revit sous une nouvelle apparence, on dit qu'elle a « fait revivre un corps mort ».

    Cette stratégie recommande l'utilisation de ce qui est apparemment inutile à la guerre. Au moment du déclin d'une dynastie, nombreux sont les vaillants militaires qui viennent rivaliser pour la domination de l'empire. Un chef éclairé comprend que les victoires militaires ne sont pas suffisantes pour asseoir sa puissance. Il doit s'assurer un soutien populaire, pouvant ainsi toujours obtenir combattants et provisions pour compenser ses pertes sur le champ de bataille.

    Une bonne façon d'arriver à cette fin est d'encourager le sens de la légitimité (régnante) parmi le simple peuple. Il peut proclamer être en position de prendre le contrôle de l'empire, soit en tant que descendant d'une victime illustre de la dynastie renversée (si cette dernière est considérée comme irrémédiablement corrompue) ou bien en tant que parent éloigné de la maison impériale (si la dynastie déclinante est considérée comme victime de ministres félons). Si il n'est pas en mesure de le faire lui-même, il peut alors envoyer à sa place quelqu'un qui aura un tel statut et qu'il fera passer pour son maître. Bien-sûr il aura soin de se débarrasser de lui une fois son pouvoir établi.

    * Texte tiré de l'hexagramme 4 Mong (la jolie juvénile)... En termes familiers, il faut comprendre que lorsque la tête de la famille devient vieille et inefficace, le fils doit prendre en charge la tenue de la maison. Dans un sens plus large, quand un chef devient faible et inefficace, son autorité doit être assumée par un subordonné déterminé.

    « Se défaire d'une brique pour attirer le jade »

    Utiliser un appât (ou l'équivalent) pour faire une grosse prise.

    Abusez l'ennemi avec des faux-semblants. Punissez la naïveté juvénile (ou le jeune naïf).*

    L'expression est tirée de l'histoire de deux poètes de la dynastie Tang. A cette époque le célèbre poète Zhao Xia était sur le point d'aller visiter Suzhou, la ville des jardins, dans le sud. Le poète Chang Jian l'apprit. Il se douta que Zhao ne manquerait pas de s'arrêter au Temple Ling Yang (Temple de la Pierre Pensante). Il s'y rendit le premier et écrivit deux vers sur un des murs. Lorsque Zhao Xia arriva à son tour et vit les deux vers de Chang, il en écrivit deux autres complétant ainsi le poème. Il est généralement admis que les deux derniers vers étaient de loin supérieurs aux premiers de Chang Jian. Ainsi on dit de Chang qu'il s'est « défait d'une brique pour attirer le jade. De nos jours, l'expression a toujours la faveur de ceux qui veulent paraître modeste. Par exemple, une personne à qui on demande de parler en premier dans une réunion pourra dire, dans le sens de la modestie, qu'elle va « se défaire d'une brique pour attirer le jade ».

    Dans un contexte militaire, la brique et le jade font respectivement référence aux feintes et aux véritables manœuvres. Une autre expression populaire parle de « faire passer des yeux de poissons pour des perles ». Tout d'abord, le général offre à l'ennemi un appât, qui peut être un faible détachement de troupes, des chariots de provisions peu gardés, ou quelque troupeau de bœufs ou de chevaux qui semblent sans protection. Appâté par un gain aisé, l'ennemi avancera pour capturer le leurre. Ainsi le général aura gagné l'initiative en manœuvrant l'ennemi comme il l'entendait et la bataille sera déjà à moitié gagnée avant même d'avoir commencé.

    Connexion avec la stratégie Onze.

    * Texte issu de l'hexagramme 4 Mong (la folie juvénile)... Dans un contexte militaire, pour contrer l'invasion d'une puissance ennemie, on doit se défendre de lancer une attaque à l'intérieur de son territoire. Au contraire, il vaut mieux laisser l'armée adverse s'avancer et alors seulement la défaire sur ton propre terrain.

    Hexagramme 4 Mong / La Folie Juvénile

    Mong / La Folie Juvénile
    En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne
    En bas K'an : L'Insondable, l'Eau

    L'idée de la jeunesse et de la folie est suggérée de deux manières dans ce signe. Le trigramme supérieur, Ken, a pour figure une montagne, et le trigramme inférieur, K'an, a pour image l'eau. La source qui sort du pied de la montagne est le symbole de la jeunesse sans expérience. L'attribut du signe supérieur est l'immobilité, celui du signe inférieur, le danger. S'arrêter plein de perplexité devant un dangereux abîme est également un symbole de la folie juvénile. Mais les deux trigrammes renferment également la voie qui permet de surmonter les folies juvéniles : l'eau est quelque chose qui continue nécessairement de couler. Lorsque la source jaillit, elle ne sait pas tout d'abord où elle veut aller. Mais, par son écoulement incessant, elle remplit les endroits profonds qui font obstacle à son progrès; le succès est alors obtenu.

    Chez un être jeune, la folie n'est pas quelque chose de mauvais. Elle peut malgré tout lui réussir. Il faut seulement trouver un maître expérimenté et observer à son égard l'attitude convenable. Cela veut dire avant tout que le jeune homme doit avoir lui-même conscience de son manque d'expérience et rechercher un maître. Seuls cette humilité et cet intérêt garantissent l'existence de l'ouverture d'esprit indispensable qui s'exprime dans la respectueuse acceptation d'un maître.

    C'est pourquoi le maître doit attendre paisiblement qu'on le recherche. Il ne doit pas s'offrir de lui-même : ce n'est qu'ainsi que l'enseignement portera ses fruits en temps opportun et de la manière convenable. La réponse donnée par le maître aux questions du disciple doit être claire et précise comme celle que souhaite obtenir un consultant de l'oracle. Elle doit alors être reçue comme résolution du doute et comme décision. Des questions supplémentaires provoquées par la méfiance ou le manque de réflexion ne servent qu'à importuner le maître. Le mieux sera de garder le silence à leur sujet, de même que l'oracle ne donne qu'une réponse et refuse de se laisser tenter par des questions nées du doute. Lorsqu'à cela s'ajoute une persévérance qui ne se relâche pas avant qu'on se soit assimilé les différents points l'un après l'autre, une belle réussite est assurée. Ainsi le conseil de l'hexagramme s'adresse au maître comme à l'élève.


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  • « Laisser s'éloigner pour mieux piéger »

    N'éveille pas chez l'adversaire l'esprit de contre-attaque.

    Pressez l'ennemi (vaincu) et il contre-attaquera ; laissez le prendre le large et il affaiblira sa position. Suivez-le à proximité mais sans trop le presser. Poussez-le à gaspiller son énergie et sapez son moral. Après qu'il s'est éparpillé, soumettez-le sans même teinter de sang vos épées.

    Attente, la sincérité amène la fortune.*

    La guerre est très coûteuse, même pour le vainqueur. Généralement, il est plus profitable de mener une prompte bataille et d'anéantir au plus vite l'ennemi. Pourtant il faut dans certains cas rester prêt à saisir l'occasion, en attendant patiemment que se développe une situation avantageuse. Face à un ennemi puissant, il est par exemple parfois très déconseillé de passer immédiatement à l'action. Au lieu de cela, il faut user des conditions naturelles présentes et de savantes manœuvres pour consumer les forces et le moral de l'ennemi avant d'engager la bataille proprement dite.

    Par conséquent, en contradiction apparente avec l'idée reçue de la suprême importance qu'a la rapidité dans l'action militaire, ce stratagème met en exergue la nécessité de l'attente.

    Soumis à une vive attaque, un ennemi encerclé sera forcé de se battre jusqu'à la mort. Si on l'encercle sans l'assaillir violemment tout en lui laissant une issue de secours, l'ennemi ne tardera pas à perdre ses esprits dans une fuite désordonnée. Ainsi, afin de détruire l'armée ennemie en l'acculant dans une position adverse, il convient de préparer cette situation en usant progressivement l'ennemi plutôt qu'en l'agressant sauvagement, de peur d'éveiller en lui une résistance désespérée. D'un autre côté, le général ennemi peut mettre délibérément ses troupes dans une position critique (interdisant toute fuite) afin de les forcer à se « battre avec leurs tripes ». (Cf. Stratégie Vingt-Huit).

    Naturellement, l'ajournement est une méthode inhabituelle qui ne doit être utilisée qu'avec d'extraordinaires précautions. Avant de décider d'interrompre l'action, il faut avant tout s'assurer que ses propres troupes puissent se permettre d'attendre et que rien ne risque de survenir dans l'intervalle qui placerait l'ennemi dans une meilleure position.

    * Texte tiré de l'hexagramme 5 Su (attendre)... Face au danger, on ne doit pas se jeter en avant la tête la première mais plutôt attendre l'heure opportune.

     

    Hexagramme 5 : Su / L'Attente (la Nutrition)

    Su / l'Attente (la Nutrition)
    En haut K'an : L'Insondable, l'Eau
    En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel

    Tous les êtres ont besoin de la nourriture d'en haut. Mais les aliments sont administrés en leur temps, qu'il faut attendre. L'hexagramme montre les nuages dans le ciel répandant la pluie qui réjouit tout ce qui croît et pourvoit l'homme de nourriture et de boisson. Cette pluie viendra à son heure. On ne peut la faire venir de force, mais il faut l'attendre. La pensée de l'attente est en outre suggérée par les propriétés de chacun des trigrammes : au-dedans, force; devant, danger . Face au danger, la force ne se précipite pas mais sait attendre, tandis que la faiblesse tombe dans l'agitation et n'a pas la patience d'attendre

    L'attente n'est pas un espoir vide. Elle a la certitude intérieure d'atteindre son but. Seule cette certitude intérieure donne la lumière qui conduit à la réussite. Celle-ci mène à la persévérance qui apporte la fortune et confère la force de traverser les grandes eaux. Le consultant a devant lui un danger qui doit être surmonté. La faiblesse et l'impatience sont impuissantes. Seul celui qui est fort viendra à bout de son destin, car il peut tenir ferme jusqu'à la fin grâce à son assurance intérieure. Cette force se révèle dans une sincérité inflexible. Ce n'est que lorsque l'homme est capable de regarder les choses telles qu'elles sont, sans illusion ni duperie à l'égard de lui-même, qu'il se dégage des événements une lumière grâce à laquelle on peut discerner la voie du succès. Une telle connaissance doit être suivie d'une action résolue et persévérante, car c'est seulement lorsque l'homme affronte résolument son destin qu'il peut en venir à bout. On peut alors traverser les grandes eaux, c'est-à-dire prendre la décision qui s'impose et tenir tête au danger.


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  • « Attire le tigre hors de la montagne »

    Pousse l'adversaire à déployer ses meilleurs éléments loin de leur base.

    Attendre que le temps épuise l'ennemi et tramer un complot pour l'attirer. Quand avancer amène à l'obstruction, il faut reculer.

    Dans un contexte militaire, un tigre dans sa montagne symbolise un ennemi puissant qui jouit de la protection d'une cité fortifiée, d'un camp retranché, d'un col montagneux stratégique ou d'une voie d'eau tumultueuse et sauvage. Celui qui commande une armée disciplinée est averti de ne pas se lancer à l'attaque d'un tel ennemi.

    Un proverbe chinois ne dit-il pas :

    « Gisant sur le sable, le dragon est importuné par les crevettes,
    descendant dans la plaine, le tigre est rudoyé par les chiens. »

    Ainsi, que ce soit en vue de l'annexion de territoires ennemis ou de la destruction de ses forces militaires, il faudra s'efforcer d'éloigner l'ennemi de son imprenable position avant d'engager le combat.

    Connexion avec la stratégie Trente.

    * Tiré de l'hexagramme 39 Kien (l'obstacle) « neuf à la troisième place » : en termes humains il est recommandé d'éviter de se trouver dans un lieu dangereux contrôlé par un adversaire puissant. En temps de guerre, il ne faut pas attaquer un ennemi fort qui occupe déjà une place avantageuse.

     

    Hexagramme 39 : Kien / L'Obstacle

    Kien / Obstacle
    En haut K'an : L'Insondable, l'Eau
    En bas Ken : L'Immobilisation, la Montagne

    L'hexagramme représente un dangereux abîme que l'on voit s'ouvrir devant soi, tandis que derrière soi on a la montagne abrupte et inaccessible. On se trouve ainsi environné d'obstacles. Mais la propriété de la montagne, qui est d'immobiliser, suggère également la façon dont on peut se libérer de cette obstruction. L'hexagramme représente des obstacles qui apparaissent dans le cours du temps, mais qui peuvent et doivent être surmontés. Toutes les indications données portent en conséquence sur la manière de vaincre les empêchements.

    Le sud-ouest est la région de la retraite, le nord-est, la région de l'avance. Il s'agit d'une situation où l'on se trouve face à des obstacles qui ne peuvent être vaincus directement. La sagesse demande dans ce cas que l'on s'arrête et que l'on fasse marche arrière. Cette retraite ne fait cependant que préparer la victoire sur les difficultés. Il importe de s'associer à des amis de même esprit et de se placer sous la direction d'un homme à la hauteur de la situation. On parviendra ainsi à écarter les obstacles. Cela exige une disposition persévérante au moment même où l'on est obligé de faire quelque chose qui semble éloigner du but. Cette direction infaillible de l'élément intérieur apporte finalement la fortune. L'obstacle, qui ne dure qu'un temps, n'est pas sans valeur pour le développement de la personnalité. C'est en cela que réside la valeur de l'adversité.

     

     


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  • « Battre l'herbe pour effrayer le serpent »

    Ne renseigne pas (vraiment) l'adversaire.

    Vérifier ce qui est douteux, démasquer l'ennemi avant de passer à l'action. Revenir et ramener à la lumière les secrets de l'adversaire.*

    Cette expression vient d'une histoire d'un livre illustré de la dynastie des Tang. Le juge du district de Dangtu, d'après l'histoire, était un homme gourmand qui acceptait autant d'épouses qu'on lui en offrait. Une fois, quelques habitants du district lui remirent en main une pétition accusant l'assistant du juge d'avoir trop d'épouses. Sidéré à cette lecture, le juge écrivit ce qui suit : « Vous avez seulement battu l'herbe, mais le serpent est effrayé ».

    Parfois on peut vouloir éviter de battre l'herbe pour ne pas effrayer le serpent et le voir s'échapper. De même, un commandant militaire doit souvent restreindre les engagements mineurs et impulsifs avec l'ennemi de peur d'exposer ses intentions et le dispositif de déploiement de ses troupes. Ceci est particulièrement vrai si l'on prépare une attaque surprise. Cependant, dans d'autres circonstances, il est tout indiqué de mettre en œuvre une opération découverte, même de petite envergure, pour tester les forces et faiblesses de l'ennemi avant de lancer une offensive totale.

    Connexion avec la stratégie Vingt.

    * Hexagramme 24 Fu (le retour)... le jugement du trait yang observe : « Retourner avant d'aller trop loin. Pas de remords. Grande fortune. » Comme l'hiver se développe lentement pour devenir le printemps, il faut agir prudemment au commencement d'une entreprise comme la guerre.

     

    Hexagramme 24 Fu / Le Retour (Le Tournant)

    Fu / Le Retour (Le Tournant)
    En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre.
    En bas Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre.

    L'idée de tournant est indiquée par le fait qu'après que les traits sombres ont repoussé vers le haut tous les traits lumineux, un de ceux-ci rentre dans l'hexagramme par le bas. Le temps de l'obscurité est passé. Le solstice d'hiver amène la victoire de la lumière. L'hexagramme est rattaché au onzième mois, le mois du solstice (décembre-janvier).

    Après le temps du déclin vient le tournant. La puissante lumière qui avait été chassée refait son entrée. Un mouvement se produit. Toutefois ce n'est pas un mouvement contraint : le trigramme supérieur, K'ouen, a le caractère de l'abandon, du don de soi.

    C'est donc un mouvement naturel, qui naît spontanément. C'est pourquoi la transformation des choses anciennes est parfaitement aisée. Le vieux est déposé, le neuf est introduit. L'un et l'autre correspondent au temps et n'entraînent donc pas de dommage. Des groupes se forment entre êtres animés des mêmes sentiments. Mais ces réunions s'accomplissent au grand jour, elles correspondent à l'époque et c'est pourquoi tout effort particulier et égoïste en est exclu, et il n'en résulte aucune faute. Le retour a son fondement dans le cours de la nature. Le mouvement est circulaire. La voie se referme sur elle-même.

    C'est pourquoi il ne faut rien précipiter artificiellement. Tout vient spontanément lorsque c'en est le temps. Telle est la Voie du ciel et de la terre. Tous les mouvements s'accomplissent en six étapes. Le septième degré amène ensuite le retour. Ainsi au septième mois après le solstice d'été où commence le déclin de l'année vient le solstice d'hiver; de même le lever du soleil survient à la septième heure double qui suit son coucher. C'est pourquoi le sept est le nombre de la jeune lumière qui naît lorsque le six, nombre de l'obscurité, s'accroît d'une unité. Ainsi le mouvement parvient à l'arrêt.


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