• « Regarder le feu depuis l'autre rive »

    Laisse tes adversaires se déchirer entre eux pendant que tu attends en regardant, et plus tard balaye le survivant épuisé.

    Quand la désunion de l'ennemi devient apparente, ne pas agir mais au contraire attendre le bouleversement maximal. De cruelles dissensions internes ne pourront que causer la mort de l'ennemi par ses propres mains. Agir au moment opportun apporte la félicité.*

    Bien que lors des manœuvres militaires on attache une grande importance à la rapidité, un bon général doit maîtriser l'art du retard. Il ne doit pas chercher la confrontation à tout prix mais, à l'inverse, il doit attendre son heure et patienter jusqu'au meilleur moment pour attaquer, idéalement quand son armée est au mieux de sa forme et quand l'adversaire est au plus bas. Tel est le principe de base de toutes les stratégies agissant à retardement.

    Pour moissonner les lauriers d'une guerre, usez de divers éléments d'une autre règle de base de la guerre : l'utilisation de forces extérieures pour parvenir à vos fins. De la sorte on met en rapport cette stratégie avec le stratagème 3 « Assassiner avec une épée d'emprunt » ce qui est plus difficile à mettre en œuvre car il faut le plus souvent manipuler conjointement plusieurs forces, qu'elles soient alliées, ennemies ou sans relations.

    * Tiré de l'hexagramme 16 Yu (l'enthousiasme)... A la guerre, le texte recommande d'attendre le moment propice. Tel le tonnerre qui ne frappe pas durant l'hiver, un chef militaire se retient d'agir jusqu'au moment favorable.

     

    Hexagramme 16 Yu / L'Enthousiasme

    Yu / Enthousiasme
    En haut Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre
    En bas K'ouen : Le Réceptif, La Terre

    Le trait fort à la quatrième place, celle du ministre qui gouverne, rencontre dans tous les autres traits, qui sont faibles, acquiescement et obéissance. Le trigramme supérieur Tchen a pour propriété le mouvement, et le trigramme inférieur, la terre, l'obéissance et le dévouement. On a ici le commencement d'un mouvement qui trouve en face de lui une attitude de dévouement et, par suite, entraîne tout avec lui et œuvre dans l'enthousiasme. Il est en outre une loi très importante : le mouvement doit s'exercer suivant la ligne de moindre résistance. Cette loi est exprimée dans l'hexagramme comme étant celle des phénomènes naturels et de la vie humaine.

    Le temps de l'enthousiasme est amené par la présence d'un homme remarquable qui est en sympathie avec l'âme populaire et agit en accord avec elle. C'est pourquoi il rencontre une obéissance générale et librement consentie. Pour éveiller l'enthousiasme, il est donc nécessaire de conformer ses ordres à la nature de ceux que l'on gouverne. Le caractère infrangible des lois naturelles a pour fondement la règle du mouvement selon la ligne de moindre résistance.

    Ces lois ne sont pas extérieures aux choses, mais elles constituent l'harmonie immanente de leur mouvement. C'est pourquoi les corps célestes ne s'écartent pas de leur chemin et tout phénomène naturel s'accomplit avec une régularité précise. Il en va de même dans la société humaine. Là aussi les lois qui ont leurs racines dans le cœur du peuple sont exécutées, tandis que celles qui lui sont contraires ne suscitent que de l'aigreur.

    De plus, l'enthousiasme permet alors d'engager des auxiliaires pour l'exécution du travail, sans que des oppositions secrètes soient à redouter. L'enthousiasme est aussi ce qui permet d'uniformiser les mouvements des masses, notamment à la guerre, de manière qu'elles obtiennent la victoire.


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  • « Bruit à l'est ; attaque à l'ouest »

    Induit en erreur le commandement adverse et sème le doute dans ses rangs.

    Le commandement ennemi est désorienté et perd sa sobriété, avec le symbole du lac en haut et la terre en bas, signifiant que l'eau de la rivière est prête à inonder la rive.*

    A la guerre, on peut obtenir l'effet de surprise aussi bien par la tromperie que par la rapidité de mouvement des troupes. Un proverbe chinois dit : « il n'y a jamais trop de ruse durant la guerre ». Cependant, cette stratégie avertit qu'il faut s'assurer du manque de jugement de l'ennemi avant de faire des feintes de mouvement pour le tromper. Un commandant avec une bonne présence d'esprit connaît ses forces et ses faiblesses, il déploie donc ses troupes en conséquence ; il n'est ainsi pas susceptible d'être dupé par les mouvements trompeurs de l'ennemi. Il peut même feindre d'être trompé et retourner ainsi les ruses de l'ennemi contre lui. Par conséquence, quand on veut tromper l'ennemi, il faut avoir à l'esprit de semer la confusion chez lui. Ainsi Sun Zi observe « Dans le passé, ceux qui avaient l'art de diriger les opérations de guerre s'assuraient d'abord d'être invincibles et ensuite attendaient une occasion de battre l'ennemi ».

    Cf. Sun Zi Bingfa VI

    * D'après le texte de l'hexagramme 45 Ts'ouei (rassembler)... Ainsi une foule de forces qui sont réunies pour défendre une ville doit avoir un commandement uni de façon à pouvoir soutenir le siège de l'ennemi. S'ils deviennent divisés dans leurs opinion ou hésitants quant à leurs arguments, la situation deviendra incontrôlable.

     

    Hexagramme 45 : Ts'ouei / Le Rassemblement (le Recueillement)

    Ts'ouei / Le Rassemblement (le Recueillement)
    En haut Touei : Le Joyeux, le Lac
    En bas K'ouen : Le Réceptif, la Terre

    Cet hexagramme s'apparente par sa forme et sa signification l'hexagramme 8 Pi / la Solidarité. Là l'eau au-dessus de la terre, ici le lac au-dessus de la terre. Le lac est le point où se rassemblent les eaux, c'est pourquoi l'idée de rassemblement est ici plus fortement exprimée que dans l'hexagramme Pi. La même, idée fondamentale découle de ce qu'il y a ici à la 4e et à la 5e places deux traits forts qui réalisent le rassemblement, tandis que là il n'existe qu'un seul trait fort à la Se place au milieu des traits faibles.

    Le rassemblement des hommes dans des communautés d'une certaine importance est, ou bien naturel comme à l'intérieur de la famille, ou bien artificiel comme dans l'Etat. La perpétuation de ce rassemblement s'accomplit au moyen du culte des ancêtres à l'occasion duquel le clan tout entier se réunit. Par la piété unanime des vivants les ancêtres sont si bien intégrés dans la vie spirituelle de la communauté de leurs descendants que celle-ci ne peut se disperser ni se dissoudre.

    Là où les hommes doivent être rassemblés, la puissance religieuse est nécessaire. Mais il faut aussi qu'un chef humain soit là comme centre du rassemblement. Pour pouvoir rassembler les autres, ce centre du rassemblement doit tout d'abord être rassemblé, recueilli en lui-même. C'est seulement par la force morale du recueillement que le monde peut s'unir. De telles grandes époques d'unification légueront aussi de grandes œuvres. C'est le sens du grand sacrifice qui est offert. Et dans le domaine profane aussi de grandes œuvres doivent être accomplies aux époques de rassemblement.


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  • « Profiter de l'incendie pour piller et voler »

    Exploite et tire parti d'opportunités au fur et à mesure de l'aggravation de la situation chaotique de l'adversaire.

    Quand l'ennemi traverse une crise majeure, saisissez la chance d'obtenir un avantage. La résolution l'emporte sur la faiblesse.*

    Une maison en flammes sombre dans le désordre et la confusion. Ainsi un voleur peut avoir l'occasion de piller les biens d'une maison pendant que le portier et les gardes sont occupés à combattre le feu. Cette maxime signifie donc tirer avantage des déboires d'autrui afin de lui causer du tort.

    En temps de guerre, la maison en flammes symbolise le pays qui souffre de graves troubles ou qui est sur le déclin. En attaquant un tel pays, on aura un double bénéfice avec un demi effort.

    Ainsi cette stratégie recommande le principe universel de frapper les points faibles de l'ennemi et, en ce sens, elle se rapporte à plusieurs autres stratégies. Par exemple, quand on choisit de mettre le feu à une maison avant de la piller sans résistance plutôt que de s'arranger avec les gardes, on peut aussi dire que l'on applique la stratégie Dix-Neuf : « ôter le feu de sous le chaudron ». Si seul un mouvement tactique plutôt qu'un schéma stratégique est impliqué, on est face à la stratégie Douze : « Emmener la chèvre en passant ».

    Connexion avec la stratégie Douze.

    * Texte issu de l'hexagramme 43 Kouai (la détermination)... En temps de guerre, quand un ennemi puissant accuse un grand retard, on doit alors saisir l'opportunité de l'attaquer avec rapidité et détermination.

     

    Hexagramme 43 : Kouai / La Percée (la Résolution)

    Kouai / La Percée (la Résolution)
    En haut Touei : Le Joyeux, le Lac.
    En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel.

    --- --- (6)

    ------- (5)

    ------- (4)

    ------- (3)

    ------- (2)

    ------- (1)

    L'hexagramme signifie d'une part une percée après une longue tension accumulée, comme la brèche qu'un fleuve fait à travers ses digues, comme un nuage qui crève. Sur le plan des situations humaines, c'est l'époque où les hommes vulgaires sont en voie de disparition. Leur influence décroît et une action résolue fait que le changement de conditions amène la percée. Ce signe est rattaché au 3 ème mois (avril-mai).

    Même si, dans une ville, il n'y a qu'un homme vulgaire à la place d'autorité, il peut accabler les hommes nobles. Même si dans le cœur une seule passion reste nichée, elle petit obscurcir la raison. La passion et la raison ne peuvent coexister, c'est pourquoi un combat sans merci est indispensable si l'on veut établir le règne du bien. Toutefois il existe dans le combat résolu du bien pour écarter le mal des règles déterminées qui ne doivent pas être perdues de vue si l'on veut obtenir le succès.

    La résolution doit reposer sur l'union de la force et de la bienveillance. Un compromis avec ce qui est mauvais n'est pas possible; le mal doit en toutes circonstances être discrédité ouvertement. De même les passions et les défauts personnels ne doivent pas être embellis. Le combat ne doit pas être mené par la violence. Là où le mal est stigmatisé, il pense à recourir aux armes, et si on lui fait le plaisir de lui rendre coup pour coup, on a le dessous, car on est soi-même impliqué dans la haine et la passion.

    C'est pourquoi il importe de commencer par sa propre maison et prendre garde aux défauts que l'on a soi-même stigmatisés. Ainsi les armes du mal s'émoussent d'elles-mêmes quand elles ne trouvent pas d'adversaires. Et même nos propres défauts ne doivent pas être combattus directement. Tant que nous luttons contre eux, ils demeurent victorieux. La meilleure manière de combattre le mal, c'est un progrès énergique dans le bien.


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  • « Assassiner avec une épée d'emprunt »

    Utilise les ressources d'un autre pour faire ton travail.

    Quand les intentions de l'ennemi sont évidentes et que l'attitude de l'allié est hésitante, amenez vos alliés à attaquer vos ennemis pendant que vous préservez vos propres forces.*

    Pour éviter d'être incriminé dans une affaire de meurtre, certains peuvent mener leurs actions avec une « épée d'emprunt » qui fait référence à quelqu'un d'autre qui en veut à la victime. En conduisant un troisième élément à commettre le meurtre, vous pouvez atteindre votre but sans avoir à en assumer la responsabilité. Dans un contexte martial, cette maxime conseille au dirigeant d'exploiter le conflit des divers pouvoirs. Pour combattre un ennemi fort, il faut découvrir une puissance en désaccord avec cet ennemi et l'amener à le combattre à votre place. De cette façon on obtient un résultat double avec un demi effort.

    Selon les anciens stratèges militaires chinois, quand deux camps s'opposent et qu'entre soudainement en scène une autre force, le résultat final dépendra incontestablement de l'attitude de ce troisième camp ; il doit donc être gagné à votre cause par tous les moyens inimaginables. Inversement, si un Etat tolère l'accroissement continu d'un voisin sans le contrôler ou en tirer usage, l'Etat est appelé à se détériorer.

    * On peut déduire cela de l'hexagramme n°41 Souen (la diminution)... En temps de guerre, certains sont avantagés par l'affaiblissement de leurs alliés.

    « Attendre en se reposant que l'ennemi s'épuise »

    Utilise la patience et use l'ennemi.

    Il est possible d'amener l'ennemi dans une impasse sans même combattre.

    L'actif s'affaiblit et le passif se renforce.*

    L'attaquant et le défenseur sont les deux éléments fondamentaux de l'art de la guerre. L'attaquant a l'avantage de l'initiative. Celui qui attaque a le choix de la bataille, à laquelle le défenseur doit répondre par une contre-attaque. Mais cette stratégie insiste surtout sur les avantages de la défense. En prenant une position que l'attaquant ne peut contourner et en s'assurant d'amples réserves, le défenseur à l'opportunité de préserver ses forces tout en attendant que l'ennemi s'épuise jusqu'à avoir perdu sa supériorité. Alors vient le moment pour le défenseur de contre-attaquer. (Voir stratagème 19 ?)

    * Tiré du texte de 'hexagramme n°41 Souen (la diminution)... Cela relève d'une loi universelle de la nature : un élément hyper-actif va perdre son énergie et « gagner en faiblesse », tandis qu'un élément passif pourra préserver et développer sa force. En termes militaires, on doit éviter l'engagement avec un ennemi irrésistible jusqu'à ce que sa force s'épuise dans sa surexcitation.

    Hexagramme n°41 Souen (la diminution)

    Souen / La Diminution
    En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne.
    En bas Touei : Le Joyeux, le Lac.

    ------- (6)

    --- --- (5)

    --- --- (4)

    --- --- (3)

    ------- (2)

    ------- (1)

    L'hexagramme montre une diminution du trigramme inférieur au profit du trigramme supérieur, car le 3e trait, qui était fort à l'origine, est passé à la place supérieure, et le trait faible qui, primitivement, occupait cette dernière position, l'a remplacé . Le trigramme inférieur s'est donc amoindri au bénéfice du trigramme supérieur. C'est un amoindrissement pur et simple ; si l'on diminue la base d'un édifice et que l'on en renforce les murs supérieurs, l'ensemble y perd de sa solidité. De même une diminution de la prospérité du peuple au profit des gouvernants constitue un amoindrissement pur et simple. Et l'hexagramme tout entier tend à montrer la manière dont ce déplacement de la prospérité peut s'opérer sans que le sources de cette dernière dans le peuple et ses couches inférieures en soient taries.

     

     

     

     


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  • A l'origine, c'était une collection de signes à usage d'oracles. Le "oui était exprimé par un simple trait plein ------- et le non par un trait brisé --- ---. Cependant, les traits simles donnèrent naissance à des combinaisons par redoublement auxquelles un troisième élèment vint encore s'ajouter, produisant ainsi la série de huit trigrammes.

    Ces huit trigrammes ne sont pas les figures des choses mais celles des tendances de leur mouvement.

    ------- (6)

    ------- (5)

    --- --- (4)

    ------- (3)

    ------- (2)

    --- --- (1)

    Les hexagrammes doivent toujours être concus comme étant composés de 2 trigrammes, appelés trigrammes de base, et non d'une série de 6 traits.

    ------- (6)

    ------- (5)

    --- --- (4)

    ------- (3)

    ------- (2)

    --- --- (1)

    Les trigrammes nucléaires sont les quatre traits médians de chaque hexagramme et se chevauchent mutuellement en utilisant leurs deux traits médians.

    ------- (6)

    ------- (5)

    --- --- (4)

    ------- (3)

    ------- (2)

    --- --- (1)

    On peut distinguer aussi des traits maîtres qui sont de deux sortes : le maître constituant et le maître gourvernant.

     

    Le tirage

    « Outre la méthode des tiges d'achillée, on utilise aussi une méthode abrégée dans laquelle on se sert ordinairement de vieilles pièces de bronze chinoises percées au milieu et portant une inscription gravée sur une face. On prend trois pièces et on les jette simultanément. On obtient chaque fois un trait. La face gravée est considérée comme yin et vaut 2, l'autre face est considérée comme yang et vaut 3. C'est de là que dérive le caractère du trait en question. Si les trois pièces sont yang, c'est un neuf; si elles sont yin, c'est un six. Deux yin et un yang donnent un sept; deux yang et un yin donnent un huit. En regardant les hexagrammes dans le Livre des Transformations, on procède comme dans l'oracle utilisant les tiges d'achillée. [...] »

    « Étant donné que ce processus est répété six fois, il s'édifie un signe à six degrés. Lorsque cet hexagramme se compose entièrement de traits en repos, l'oracle n'en retient que l'idée générale, telle qu'elle s'exprime dans le « jugement » du roi Wen et dans le « Commentaire sur la décision » de Koung Tseu, auxquels s'ajoutent encore l'image de l'hexagramme et les paroles de texte qui y sont annexées. »

    Si dans l'hexagramme on a un ou plusieurs signes mutables,  mouvement ou transformation du trait donne un nouvel hexagramme qui doit à son tour être examiné ec sa signifiaction.

    Par exemple, l'hexagramme 47 dont les traits (1) (2) (5) et (6) se meuvent, nous devons prendre en considération l'hexagramme 21. Ainsi, nous lirons les textes et images qui accompagnent l'hexagramme 47, mais aussi le texte qui accompagne les traits (1) (2) (5) et (6).

    L'hexagramme 47 est le point de départ à partir duquel se développe, à l'aide du (1) (2) (5) et (6), la situation finale qui est l'hexagramme 21 (on ne tient pas compte des traits mutables dans la lecture de l'hexagramme 21)

     

    Un petit tirage  ou une profonde réflexion  ?

     

     

     

     


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